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Publié : 22 mars 2020

Une histoire vraie : à lire et à faire suivre

« Eh ! Salut !
- Tiens, qu’est-ce que tu fais là ?
- Je vais chercher du pain et des croissants.
- Tu as ton papier ?
- Tu rigoles ? Pour du pain, à cent mètres de chez moi ? C’est pas une sortie ça.
- Ben… si. Tu veux que je te raconte une histoire ? Vraie. Pas des conneries de la télé !
- Ouais, vas-y.
- C’est l’histoire d’une nana qui a un père, le gars, soixante-cinq ans, actif, toujours en forme, toujours à droite et à gauche pour voir du monde, aider les gens, soutenir les associations…
- C’est qui, la nana ?
- Attends, laisse-moi te raconter. Ben le gars, il est allé faire du vélo un jour, pas assez habillé. Il est rentré la goutte au nez. Après une bonne douche, il était fatigué mais se sentait mieux. Il a fait une bonne nuit. Le lendemain, il avait un peu mal à la tête. Il n’avait pas mis de casquette sur son vélo. De la fièvre ? Pas vraiment, peut-être… En tout cas, il n’a pas vraiment pris de thermomètre pour vérifier. Ca allait bien passer tout seul.
Le lendemain, le gars, il est allé chercher du pain, et acheter des asperges pour sa plus jeune fille. Il lui a tout apporté chez elle. C’était une bonne occasion aussi de lui faire un bisou. C’est sa gamine après tout ! Et puis, il faisait toujours gaffe à bien se laver les mains alors…
- Et qu’est-ce qui lui arrive à ce gars ?
- Au fil des jours, il se rend compte que, des gars comme lui, avec des maux de tête, une petite fièvre pas méchante et un mal de gorge, il y en a plein. Et en fait, tous ces symptômes, ça colle avec les manifestations du coronavirus.
- Arrête… Ton gars, il a été testé positif ?
- Ben non. Au bout de quelques jours, il s’est senti mieux. Alors quelle raison valable donner à un médecin pour se faire dépister ? Puisqu’il n’avait plus rien ?
- Ah oui, pas faux.
- Donc il a laissé filer. Jusqu’au moment où il a perdu le goût, et l’odorat. Il avait effectivement contracté le coronavirus. Il a appelé sa grande fille qui l’a pourri au téléphone et lui a ordonné de rester chez lui. En l’absence de symptômes graves, il devait se confiner et attendre. Attendre... Il s’est rendu compte après coup que sa plus jeune fille, à laquelle il avait porté son pain et ses asperges, épileptique, était une personne à risque…
- Nooon ? Et la petite ? Elle l’a chopé le virus ?
- Ben, on ne sait pas...
- Comment ça ?
- Avec quatorze jours d’incubation, il faut attendre.
- Et le gars, il s’en est remis ?
- On ne sait pas. Aujourd’hui, il a des coups de chaud et froid. C’est la deuxième vague de symptômes du virus. Il faut attendre.
- Et ben... Super pour la nana. Elle a son père et sa petite sœur probablement en danger de mort. Mais, au fait, c’est qui la nana ?
- Une prof de français du collège Pergaud, à Viller. Tu sais, celle qui vient du Pays Basque : Haran-Biscay elle s’appelle. »

Et oui. C’est Madame Haran-Biscay qui vous raconte sa vie. Ca n’arrive presque jamais mais là, je le fais car c’est un geste citoyen que je me dois de faire. Voilà ce qui se passe quand les gens ne respectent pas les conseils des médecins, et les lois. Cette saleté de virus n’a ni mains, ni jambes. Il utilise les vôtres. Même si vous vous lavez les mains, même si vous faites attention.
Je m’adresse à mes élèves : pour une fois que ce sont les enfants qui peuvent interdire à leurs parents de sortir… Faites-le.
Je m’adresse à leurs parents : protégez ce que vous aimez. Téléphonez-leur, écrivez-leur, faites des skype et des whatsapp mais cessez de sortir. Vous risquez de contracter le virus et de le redonner à vos enfants, avant même d’avoir la goutte au nez.
Je ne souhaite à personne cette attente de savoir si mon père, sa compagne qui depuis, a elle aussi la goutte au nez et mal à la tête, et surtout ma petite sœur, vont s’en sortir...
Cela n’arrive pas qu’aux autres. Soyez responsables. Personne ne vous prive de liberté. Les médecins vous rendront votre droit à la liberté quand ils auront fini de soigner tous leurs patients qui voulaient être libres de prendre le soleil et de manger du pain frais. S’ils s’en sortent eux aussi.
Merci à tous ceux qui restent chez eux pour laisser les soignants et tout le personnel des supermarchés qui vous nourrissent travailler de leur mieux, dans la peur et le manque de moyens… Du fond du cœur, merci.